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L'Union Belge de Spéléologie (UBS) gère le Trou d'Haquin. Le Trou d'Haquin (situé sur la commune d'Assesse) est "la" grotte école pour la spéléologie en Belgique.
Cette grotte a aussi une vocation pédagogique, de nombreux groupes de jeunes, d'écoles, de mouvements de jeunesse y découvrent le milieu sous terrain
Elle a aussi un intérêt scientifique. Des recherches y sont menées actuellement par l'Université de Namur sous la direction du professeur Vincent Hallet.

Le projet de liaison Meuse/E411 passe sur le réseau sous terrain du Trou d'Haquin

Cette route met non seulement en péril les activités de spéléologie qui s'y déroulent mais détruira irrémédiablement un des réseaux le plus célèbre de Belgique.

Dans ce document l'UBS met en avant les différents dangers que font courir sur cette zone le passage de la N931 et particulièrement le tronçon 4.

 Lelogo UBSs associations spéléologiques sont actives depuis plusieurs décennies pour l’exploration, la protection et l’étude biologique, géologique et hydrologique des milieux karstiques. Acteurs sur le terrain, nous avons eu connaissance d’un projet de nouvelle voirie à l’étude par la Région Wallonne : le contournement de Lustin (N 931) pour assurer une liaison entre la vallée de la Meuse et la E411 – N4 via Maillen et Courrière.

Ce tracé nous interpelle puisqu’il passe à proximité immédiate de plusieurs grottes, entre autres du trou d’Haquin. Cette cavité est d’une importance majeure pour la communauté spéléologique, elle est une des plus adaptées à la formation de nos jeunes et de nos moniteurs. Elle est utilisée principalement pour nos activités pédagogiques à destination du public scolaire. C’est aussi une cavité « école » qui voit régulièrement s’y dérouler des formations scientifiques (topographie, étude du milieu, hydrogéologie, etc). La fédération de Spéléologie est locataire du site.

Par rapport à ce projet de route, les associations spéléologiques sont particulièrement inquiètes pour les raisons suivantes.

Non-respect des zones de contraintes karstiques

Le tracé recoupe des zones reprises en contraintes karstiques, dont les abords de la cavité :

  1. Le projet fait passer la route à la verticale de la Fosse Roy qui est une grande doline d’effondrement avec une cavité descendant à plus de 35 m de profondeur. Ensuite le tracé passe à la verticale des grandes salles du Trou d’Haquin dont les plafonds et réseaux remontants culminent entre 20 et 5 mètres de la surface (pour ce que nous connaissons actuellement).
  2. Le développement de la cavité totalise plus de 4.000 m de salles et galeries connues à ce jour (la nouvelle topographie en cours de réalisation donne déjà 3450m). Ce qui classe le Trou d’Haquin parmi les 10 plus grandes cavités de Belgique ;

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Doline de la Fosse Roy

 

Instabilité du sol

La Fosse Roy mentionnée ci-dessus et plusieurs cheminées du trou de l’Haquin mettent en évidence des zones d’éboulis instables. La construction de la route et la modification des ruissellements, impliquant de nouvelles pénétrations de l’eau dans le sol, pourraient engendrer une déstabilisation de la base de ces éboulis. Cette instabilité se répercutera immanquablement vers la surface (phénomène de fontis). Or il s’agit là de que de petites zones connues.

En effet, toute la zone est régulièrement sujette à la formation d’effondrements de surface tant sur la route existante que dans les champs et chemins avoisinants. Le dernier effondrement dans la route s’est produit il y a une dizaine d’années. Il avait créé un vide supérieur à 3m³ sous le tarmac. C’est d’ailleurs des spéléologues qui avaient vu le phénomène se former qui ont réglé la circulation, empêchant un accident plus important.

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 Cliquez sur les vignettes pour agrandir

Modification hydrologique majeure

La modification du régime hydrologique du ruisseau alimentant le vallon du trou d’Haquin sera inévitable. Vu les surfaces qui seront immanquablement imperméabilisées par le projet, vu la situation du vallon (point bas dans le profil du projet), vu l’absence de réseau d’évacuation et d’assainissement des eaux pluviales existant, vu le fonctionnement du ruisseau lors d’épisodes orageux, nous craignons des augmentations subites du débit très importantes.

  1. Cette modification du régime hydrologique est de nature à induire des modifications de relief tant dans le vallon que dans la cavité elle-même.
    1. D’une part une érosion des talus et le transport de grandes quantités de sédiments dans la cavité peuvent colmater des parties plus ou moins importantes du réseau avec le risque de modifications significatives dans le régime hydrologique complexe de cette cavité. Une partie des eaux alimente la résurgence de Chavaux, une autre partie résurge dans le réseau de Fresnes à Tailfer.
    2. D’autre part, à l’intérieur de la cavité, on peut aussi avoir une érosion significative des remplissages actuels avec à la clé une perte de données géologiques et la modification des structures géologiques et l’apparition de risques de stabilité.
  1. L’arrivée subite de grande quantité d’eau par temps de pluie constitue un risque pour les spéléologues. Risque exceptionnel à ce jour.

Impact sur le vivant

La très bonne qualité actuelle des eaux pluviales provenant essentiellement de bois et cultures sera altérée par les impuretés et les résidus déposés sur la route.

  1. Une pollution chronique est à craindre par les hydrocarbures, les résidus de pneus, le sel de déneigement, les macros déchets (plastique, canettes, etc).
  2. Des pollutions occasionnelles consécutives à un accident sont également plausibles. Vu la proximité de la route avec le site, il sera impossible aux services de secours d’intervenir assez rapidement pour enrayer une pollution accidentelle vers le ruisseau et le réseau souterrain.

Le ruissellement des eaux entraînera immanquablement l’apparition d’une pollution supplémentaire dans le sous-sol. Celle-ci sera nuisible aux animaux « troglobies ». Ceux-ci sont inféodés au milieu souterrain et sont extrêmement sensibles aux pollutions. La diminution de la qualité environnementale aura également un effet sur les chauves-souris : la plupart de celles-ci hibernent dans les cheminées (zones peu fréquentées par les spéléologues). Les conséquences seront catastrophiques pour l’écosystème souterrain.

Activités humaines et qualité de vie

Le dernier point qui nous inquiète est l’accès au site. Le projet tel qu’il apparait, ampute largement les terrains que nous louons à usage de parking. La construction d’une voirie dont la vitesse serait de 90km/h entre la cavité et ce qui resterait du parking pose la question de la sécurité de nos pratiquants et des jeunes qui fréquentent les lieux dans le cadre d’activités pédagogiques.

Le site est également fréquenté par d’autres personnes : des promeneurs et des vététistes sont simplement de passage ou utilisent également le parking. Il s’agit principalement de personnes provenant des villages aux alentours.

Au-delà des craintes formulées ci-dessus, nous sommes très étonnés que ce projet traverse un site à haut potentiel archéologique qui est aussi un site classé.   

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