Au mois d'aout 2023, un projet immobilier aux portes de la commune d'Assesse était mis à l'enquête publique.
Ce projet, s'il avait vu le jour, aurait eu un impact important non seulement à Mont (Yvoir) mais également à Yvoi et Maillen (Assesse)
La détermination du collectif citoyen "NON aux 100 maisons" a payé.
Ce projet privé que l'on a voulu imposer aux habitants de Mont et d'Assesse a fait long feu.
On vous raconte comment cette victoire a pu voir le jour.
Juin 2022. Nous sommes sur la route allant de Maillen à Mont Godinne, là où celle-ci commence sa descente vers Mont. Au-dessus des maisons qui longent la Rue du Fraichaux, un vaste projet immobilier est en train de voir le jour. Des affiches blanches, annonçant la Réunion d’Information préalable (RIP) fleurissent dans le village.
Autour de nouvelles voiries à construire, 77 maisons, 21 appartements et 3 espaces polyvalents (profession libérale, commerce de proximité) doivent prendre place sur une parcelle vierge de toute construction d’une superficie de 7,5 hectares. La centaine de riverains présents à la réunion sont consternés par l’ampleur du projet et le font savoir.
Face à cet accueil pour le moins mitigé, le promoteur et la Commune d’Yvoir décident de mettre en place un Comité d’Accompagnement des Riverains (C.A.R) afin d’apaiser la situation. La Commune choisit alors trois riverains, sans avoir que parmi eux, deux sont de farouches opposants au projet. Deux réunions sont organisées, durant lesquelles ces deux opposants jouent clairement les « idiots » afin de soutirer un maximum d’informations de la part du promoteur.
Mars 2023. Les deux opposants, sur base des informations recueillies, réalisent un travail de synthèse sur toutes les incohérences du projet. Ils en parlent ouvertement autour d’eux. L’idée de former un Collectif germe.
Août 2023. Les fameuses affiches jaunes (enquête publique) prennent place autour de la parcelle concernée par le projet. En deux jours, le Collectif « Non aux 100 maisons à Mont » naît et commence son travail, guidé en cela par des membres d’Occupons Le Terrain venu leur expliquer les premières démarches à entreprendre. Après plusieurs jours de bataille pour obtenir un accès digital à l’ensemble de dossier (rien que l’Etude d’Incidences faisait plus de 600 pages), le Collectif analyse l’ensemble des points négatifs du projet, en tire des arguments et rédige sur cette base une lettre-type de contestation, lettre largement diffusée via le site du Collectif et ses réseaux sociaux, ainsi qu’en porte-à-porte.
Septembre 2023. L’enquête publique se clôture. Pas moins de 325 lettres de contestation ont été reçues par l’Autorité Communale, pour un village comptant un peu plus de 900 âmes, mineurs d’âge compris. Yvoir n’a jamais connu une telle contestation de toute son histoire. Fin du moins, le Collectif organise une interpellation du Conseil Communal afin de mettre les élus face à leurs responsabilités et obtenir par là-même une large couverture médiatique.
Octobre 2023. Pour donner suite aux résultats de l’enquête publique, la Commune et le promoteur sont dans l’obligation d’organiser une réunion de concertation avec les contestants, soit cinq membres du Collectif. Ces derniers posent des questions très pertinentes qui « coincent » à plusieurs reprises le promoteur. Malgré cela, pas grand-chose ne ressort de cette réunion, chacun campant sur ses positions. Néanmoins, le Collectif apprend à cette occasion que l’Autorité Communale travaille main dans la main avec le promoteur depuis 2016 sur ce projet. Le Collectif comprend alors qu’il n’a pas un seul « ennemi », mais bien deux!
Novembre 2023. Face à la situation, et suite à plusieurs contacts politiques au niveau régional, le Collectif dépose une pétition sur le site internet du Parlement de Wallonie. Dans l’idée que la Commune d’Yvoir (vu l’information précédente) marquera son accord pour l’ouverture des voiries nécessaires au projet, le but est de faire entendre les arguments du Collectif par les parlementaires afin de renforcer le recours qui sera probablement à introduire auprès du Gouvernement Wallon.
Le même mois, sentant la situation lui échapper, le promoteur revient vers une des figures du Collectif afin de trouver un accord et museler ainsi l’opposition. Après le refus de cette personne, bizarrement, la page Facebook du Collectif, son site internet et sa messagerie électronique sont piratées début décembre! Et cela alors que le Collectif est en pleine diffusion de sa pétition et à la récolte des premières centaines de signatures…
Janvier 2024. N’ayant aucune nouvelle de l’Autorité Communale, le Collectif décide de procéder à une nouvelle interpellation du Conseil Communal. Quelques jours après l’acceptation de cette interpellation par le Bourgmestre, le Collectif apprend que le vote concernant l’ouverture des voiries nécessaires au projet est mis à l’ordre du jour de ce Conseil.
Si le texte de l’interpellation est bien sûr connu vu que fourni à l’avance, la réponse que le Collectif y apporte est cinglante et « secoue » le Conseil. La pétition, arrêtée quelques jours auparavant, impressionne et « fait peur » aux élus de par son nombre de signatures récoltées (2 069). A la surprise générale, lors du vote qui suit l’interpellation, le Conseil Communal vote contre l’ouverture des voiries! La situation est maintenant complètement retournée, et c’est au promoteur plutôt qu’au Collectif d’introduire un recours auprès du Gouvernement Wallon.
Février 2024. Le promoteur introduit un recours auprès du Gouvernement Wallon.
Mars 2024. Suite à la pétition, un membre du Collectif est auditionné en Commission de l’Economie, de l’Aménagement du Territoire et de l’Agriculture du Parlement de Wallonie. Un fois de plus, le discours fait mouche. D’une présentation normalement d’une vingtaine de minutes et d’une discussion d’une heure maximum, on passe à une audition de près de deux heures. Suite à cette dernière, et sachant que le recours du promoteur est toujours pendant auprès du Gouvernement Wallon, la Commission émet un rapport et des recommandations à l’attention de ce dernier. Ces recommandations suivent point par point les arguments émis par le Collectif.
Avril 2024. Le Gouvernement Wallon statue sur le recours et confirme la décision communale de refus d’ouverture des voiries nécessaires au projet. Il note également que le promoteur a essayé d’introduire dans ce recours de nouveaux documents datant de février 2024 (donc après la décision communale), ce qui est contraire à la procédure.
Mai 2024. Le Collectif attend un éventuel recours du promoteur auprès du Conseil d’Etat. Chose peu probable vu que le promoteur a lui-même enfreint la procédure en tentant d’introduire de nouveaux documents. Par contre, le Collectif entame la deuxième partie de son combat: Faire sortir la parcelle concernée de la zone constructible (et donc faire modifier le Shéma de Développement Communal) afin de la préserver définitivement. Pour cela, il soutient et contribue à la campagne « Stop Béton Maintenant! » d’Occupons Le Terrain afin de préserver nos espaces vivants.
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