L’information est peut-être passée inaperçue mais elle mérite notre attention car elle éclaire d’un jour nouveau les liens très étroits qui lient le promoteur de l’usine à tarmac de Sart-Bernard à l’un des piliers de la majorité MR-Engagés d’Assesse, le libéral Sébastien Humblet.
Interrogé par le journal L’Avenir (05/07/2025) sur le retrait du règlement de protection du Bois Robiet au dernier conseil communal, Sébastien Humblet (ALN) aurait déclaré au journaliste ne pas avoir voté le retrait du règlement parce que « je suis le conseil de la société Nonet », peut-on lire sur le site de L’Avenir.
On sait qu’auparavant, à chaque vote sur ce dossier, Sébastien Humblet choisissait de s’abstenir parce qu’il était « en affaires avec la société Nonet ». Aujourd’hui, on en sait donc plus à ce sujet : il bosse comme avocat pour le promoteur de l’usine à tarmac.
Pourtant, le mois dernier, il semblait avoir voté le retrait du règlement communal de protection du bois Robiet avec ses collègues de la majorité. Une centaine de citoyens étaient dans la salle au moment du vote. Interrogé à ce sujet par le journaliste de L’Avenir, Sébastien Humblet répond : « Comme je suis président de séance, ce n'était pas vraiment possible pour moi de me retirer des débats. Mais je n’ai pas vraiment participé». « Par contre », précise L’Avenir, « pour le vote, Sébastien Humblet est formel. "Je n'ai pas pris part", assure-t-il. "Dans le PV de séance, il y a une erreur en parlant d'un vote majorité contre opposition. Ce n'était évident vu le brouhaha dans la salle, ce soir-là. Mais personnellement, je l'assure, je n'ai pas voté. Et les images captées pourraient d'ailleurs le prouver. Par ailleurs, s'il y a une erreur dans le PV, elle pourra encore être modifiée ce lundi, lors de l'approbation, en début de séance du conseil. »
Une avalanche de déclarations étranges qu’il convient d’analyser. Les images enregistrées du conseil communal, disponibles en ligne, sont on ne peut plus claires. On entend Sébastien Humblet, président du conseil, organiser le vote en ces mots :
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« En ce qui concerne le vote du point 38 (le retrait du règlement de protection des sites de grand intérêt biologiques, dont le bois Robiet), qui est pour le retrait ? »
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Il regarde l’assemblée et conclut : « Vote de la majorité pour le retrait du règlement, point 38. Voilà. »
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Il lance un deuxième tour de vote dans la foulée vote en demandant : « Et abstention ? »
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Il regarde à nouveau l’assemblée et conclut : « Rejet du point 38 : 3 Ecolos. Merci. »
Dans ce monologue de 43 secondes, Sébastien Humblet confirme que la majorité (dont il fait partie) vote pour le retrait. Contrairement à son habitude et comme il devrait pourtant le faire dans une séance publique, il ne précise pas devant les 100 citoyens présents qu’il se désolidarise du vote en raison de ses liens professionnels avec Nonet. Dans l’enregistrement, on l’entend toutefois marmonner quelques mots sans micro à l’intention de la directrice générale assise à sa gauche : « Je ne participe pas au vote. »
Il est présent au débat malgré le conflit d'intéret
Dans L’Avenir, Sébastien Humblet précise aussi au journaliste : « comme président de séance au conseil communal, ce n'était pas vraiment possible pour moi de me retirer des débats. »
C’est tout à fait faux et Sébastien Humblet le sait : comme avocat conseil de la société Nonet, il devait quitter momentanément la séance et laisser la présidence quelques minutes, le temps que les débats et le vote soient terminés. Il ne l’a pas fait.
Dans L’Avenir, Sébastien Humblet assure enfin n’avoir pas vraiment participé au débat sur le retrait du règlement de protection. L’enregistrement du conseil communal est très clair là aussi : c’est lui qui va clôturer le débat en ces mots à l’adresse des Ecolos : « Ce terrain a été en vente pendant une décennie plus ou moins. Les panneaux sont restés tellement d’années devant. Vous avez été en majorité pendant 12 ans. C’est dommage que vous ne l’avez pas acheté. Dommage. Vous ne passiez pas souvent devant. Il y a eu des panneaux. Ils sont restés des années et des années à vendre. Dommage. Vous avez eu 12 ans de majorité. »
Est-ce comme cela que l’avocat de Nonet exerce son droit de réserve sur un point aussi sensible au conseil communal qu’il préside ? Chacun appréciera mais une chose est sûre : Sébastien Humblet n’a pas annoncé publiquement qu’il ne participait pas au vote sur le retrait du règlement, il n’a pas quitté momentanément la séance en raison d’un conflit d’intérêt pourtant évident alors qu’il pouvait évidemment le faire et il a participé au débat, contrairement à ce qu’il assure à L’Avenir.
Alors, dans ce dossier, Sébastien Humblet roule-t-il pour les citoyens de la commune qui l’ont élu ou pour son client industriel, promoteur d’une usine à tarmac à Sart-Bernard ?
Son malaise est perceptible dans sa ligne de défense dans L’Avenir.
Ce n’est pas étonnant parce que le code de la démocratie locale (articles L1122-19, 1°, L1125-10, 1°, et L1222-5) qui régit les débats communaux est formel : « Il est interdit à tout membre du conseil communal et du collège (dont Monsieur Humblet fait évidemment partie) d’être présent à la délibération sur des objets auxquels il a un intérêt direct, soit personnellement, soit comme chargé d’affaires, avant ou après son élection . »
La tutelle doit annuler le vote
Espérons que la tutelle se penche vraiment sur le sujet, qu’elle demande des comptes à Monsieur Humblet et qu’elle frappe de nullité le vote du mois dernier sur le retrait du règlement de protection des Sites de Grand Intérêt Biologique en raison de la direction du débat ce soir-là par l’avocat conseil de Nonet et de sa participation au débat, au mépris du code de la démocratie locale que cet avocat et président du conseil communal devrait connaître et appliquer à la lettre.
La volte-face de la majorité MR-Engagés d’Assesse en juin sur ce règlement de protection du bois Robiet en a surpris plus d’un. Pour rappel, le nouveau bourgmestre libéral d’Assesse Gilles Graindorge, avait demandé au début de cette année à l’association des citoyens de Sart-Bernard Covisart et aux cinq grandes sociétés de protection de la nature de soutenir l’action en justice de la commune face au recours de la société Nonet contre le règlement communal de protection des sites de grand intérêt biologique… avant d’annuler ce règlement après, a précisé le bourgmestre, avoir repris le dialogue avec Nonet et pour permettre à celui-ci de jouir de son terrain comme il l’entend. Au mépris de la volonté des citoyens et de la préservation des richesses naturelles de sa commune.
La position ambigüe du bourgmestre et le fait qu’il ait ainsi retourné sa veste s’expliquent-ils par les liens qui lient Sébastien Humblet à Nonet ? La question mérite d’être posée.
Sébastien Humblet doit s’exclure de tout nouveau débat
Le double jeu du président de séance Sébastien Humblet n’est plus tolérable : on ne pourrait plus comprendre, dans sa situation, qu’il préside encore et prenne part aux débats touchant de près ou de loin le bois Robiet. Et par là-même, les intérêts de son client Nonet.