Peu avant les vacances, nous apprenions que loin d'avoir enterré le projet, le SPW planchait sur un nouveau tracé de liaison Meuse/E411. La presse en avait fait écho et l'avait surnommé le "onzième tracé". Interpellé à ce sujet au Parlement, le Ministre di Antonio, comme à son habitude, n'apporta pas plus de précisions que ce que l'on savait déjà. Il refusa même de transmettre, à la demande insistante d'un parlementaire, un rapport établi par la CWEPSS* un organisme spécialisé dans l'étude des sols karstiques. Ce manque de transparence nous a amené à introduire un recours et nous sommes en mesure aujourd'hui de dévoiler ce rapport que certains désiraient garder secret et par la même occasion ce "onzième tracé".
Au début juin, la CWEPSS remettait au SPW un rapport intitulé "Assesse - Profondeville - Yvoir. Réflexions à propos de la construction d'une route au Fond d'Hestroy (CHU de Mont-Godinne)"
Ce rapport émettait de fortes réserves sur le projet du SPW de passer par la vallée du Trou d'Haquin pour rejoindre l' E411 en passant par le centre de Maillen.
Dans la foulée la CWEPSS émettait une suggestion de tracé dans une zone plus favorable au niveau karstique. Le fameux "onzième tracé".
Rappelons que le SPW a déjà dépensé 190 000 € en étude rien que pour l'avant-projet passant par le Trou d'Haquin. Alors que depuis les années 70, l'on savait que l'état du sous sol rendait le projet problématique. En 1973, un projet similaire passant exactement au même endroit, avait été abandonné pour les mêmes raisons.
Devant le refus du Ministre di Antonio et du SPW de nous communiquer ce rapport, nous avons introduit un recours auprès de la commission de recours pour le droit d'accès à l'information en matière d'environnement.
Dans un premier temps, le SPW a proposé de nous fournir le rapport expurgé de tout ce qui avait trait à un tracé de route quelconque. Mais la commission ne l'a pas suivi.
Dans sa décision du 13 Novembre dernier, la commission déclare notre recours recevable et fondé et oblige le SPW à nous fournir dans les 8 jours une copie de la totalité du document.
Quel est donc ce "onzième tracé" ?
Dans son rapport la CWEPSS déconseille fortement le passage par les fonds de vallées (Fond d'Hestroy et vallée sèche de Mont). Le sous-sol instable est peu propice à la contruction d'une route du gabarit envisagé par le SPW.
L'alternative proposée grimpe sur la colline en face de la sortie de l'hopital puis emprunte un chemin communal (sentier n°2 - Hêtre creux et calvaire, pour ceux qui connaissent) surplombant le village de Mont pour aller ensuite retrouver le tracé n°4 initialement prévu et rejoindre Maillen par la rue de Lustin.
Il y a de grandes chances que cette alternative soit retenue en tout ou en partie par les ingénieurs du SPW.
La Commission Wallonne d’Étude et de Protection des Sites Souterrains (CWEPSS) est une ASBL dont le but est de protéger l’environnement karstique et souterrain. Cette ASBL a acquis au cours des années une réelle expertise de l’environnement karstique et du monde souterrain. Elle publie de nombreuses monographies sur le sujet. Site internet de la CWEPSS
L'étude de la liaison routière entre Courrière et Mont-Godinne
Session : 2018-2019
Année : 2018
N° : 86 (2018-2019) 1
Question écrite du 11/10/2018
de HAZEE Stéphane
à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
En commission, Stéphane Hazée est revenu sur le projet du Gouvernement wallon MR-CDH de créer une nouvelle liaison routière entre Courrière et Mont-Godinne. Comme à son habitude, le Ministre ne répond pas à la plupart des questions.
Ce projet soulève, depuis de nombreux mois, beaucoup d’interrogations du côté des riverains et des autorités communales concernées. On se souvient notamment des positions prises par les communes d’Assesse et de Profondeville autant que des fortes inquiétudes concernant, notamment, un passage proche du Trou d’Haquin et d’une zone Natura 2000, et plus globalement l’impact sur les paysages ou sur la traversée de certains villages.
Que cache donc ce rapport que je ne pourrais voir ?
En avril dernier nous apprenions que la Commission Wallonne d’Étude et de Protection des Sites Souterrains (CWEPSS) * réalisait un rapport sur l'avant-projet régional de liaison Meuse/E411 (Contournement Sud de Namur). Ce rapport concernait "L'impact sur le milieu souterrain qu'aurait un tel projet, tant du point de vue de la conservation et de la protection de celui-ci, que de l'incidence potentielle des sites karstiques sur la stabilité d'un tel édifice." Nous avons donc cherché à nous procurer ce rapport. Mais en vain... jusqu'à présent. Mais que contient donc ce rapport de si dérangeant pour le SPW et le Ministre di Antonio ? Il nous revient que ce rapport serait accablant pour le service public et le bureau d'étude choisi par celui-ci.
190 000 € d'argent public jeté par la fenêtre
Le rapport de la CWEPSS exposerait les diverses raisons qui rendent le projet de la Région Wallonne peut souhaitable, voire même irréalisable vu la fragilité du sous-sol des vallées traversées. Or les données sur l'état du sous-sol dans les vallées où devrait passer la nouvelle voirie sont disponibles sur le net. Monsieur tout le monde y a accès en moins de trois minutes. Sur le Geoportail de la Région Walonne, sur le portail SIG de la DGARNE où l’on peut consulter l’atlas du karts et dans différentes publications du SPW.
Egalement disponible l'intéressante intervention de Mme GEENINCKX SARAH - Géologue à la DGO1 sur la gestion des ouvrages d’art en milieu karstique . Cet exposé était destiné aux principaux responsables de projets du SPW . lors d'une journée d'information à la Marlagne. Tout bureau d'étude un peu sérieux ou tout responsable public peut obtenir facilement ces informations lorsqu'il envisage un projet de cette importance. Soit par une rapide consultation des éléments disponibles sur le Net, soit en s'adressant aux services spécialisés du SPW (DGO3 notamment) qui possèdent des informations plus détaillées et du personnel compétent. Or il semblerait que cela n'a pas été le cas.
Les administrations communales (urbanisme) d’Assesse qui ont participé aux réunions d'élaboration du projet avec les représentants de la Région n'ont pas jugé bon de soulever le problème que pourrait poser le sous-sol. Peut être l’ont-ils fait mais ils n’ont pas été écoutés. Méconnaissance du terrain de leur propre commune ou pressions politiques pour qu'ils se taisent ?
La CWEPSS avait déjà produit dans le passé des études très fouillées sur l'état du sous sol dans les vallées du Trou d'Haquin et de Mont (2003, 2005 et 2007). Le rapport remis au SPW en juin dernier est basé en grosse partie sur ces études vieilles de plus de 10 ans. Ces documents sont également disponibles sur le net. Il suffit de vouloir chercher.
Or nous apprenons que personne, avant de lancer l'étude, ne s'est inquiété de l'état du sous-sol où passerait la nouvelle voirie. Personne ne s'est renseigné des raisons qui avaient fait abandonner, dans les années 70, le projet de Contournement Sud de Namur passant par le Trou d’Haquin. Car le projet actuel n'est qu'une pâle copie de celui élaboré dans les années 70. Le SPW ne pouvait l'ignorer. Il possédait cette information.
Comment expliquer alors cette dépense de 190 000€ qu'a coûté l'étude du bureau Luxembourgeois choisi par le SPW ?
Amateurisme et pressions politiques à tous les niveaux
Il y a peut-être cette hypothèse. Le politique a mis depuis le début une pression très forte sur l'administration pour que ce projet aboutisse coûte que coûte. Un seul tracé a été étudié : Celui qui correspondait au souhait du "Ministre et Bourgmestre empêché de Namur". Ce fameux tracé passant par le Trou d’Haquin et Maillen qui a été défini le 30 septembre 2015 sur une carte Michelin dans le bureau de Maxime Prévot en présence des bourgmestres des communes concernées.
L'administration ne pouvant pas aller contre une volonté ministérielle, aurait laissé le projet s'engager dans une voie sans issue...
On ne peut que s’étonner d’une telle légèreté dans l’utilisation des deniers publics. Un projet mené à l'aveuglette, sans réel besoin, sans réelle demande, sans réflexion sur l'impact sur le cadre de vie des habitants des communes concernées et dans un obscurantisme effrayant. Le tout emballé dans un artifice de communication appelé "les routes de l'emploi" et " Accès à l'hôpital".
Mais cette histoire en dit long également sur un type de gouvernance d’une classe politique qui décide seule et d'autorité et qui s'entête en dépit du bon sens à imposer ses projets personnels sans se renseigner. Et qui de plus, ne juge pas nécessaire d'informer, ni d'écouter les citoyens concernés. Pouvons nous espérer qu'après le 14 Octobre ils seront "Plus à l'écoute du citoyen" comme semblent l'annoncer leurs programmes ?
* CWEPSS : La Commission Wallonne d’Étude et de Protection des Sites Souterrains (CWEPSS) est une ASBL dont le but est de protéger l’environnement karstique et souterrain.
Cette ASBL a acquis au cours des années une réelle expertise de l’environnement karstique et du monde souterrain. Elle publie de nombreuses monographies sur le sujet. Site internet de la CWEPSS